La Renault 4 qui a révolutionné la F1

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La Lotus 78 a révolutionné la Formule 1 à la fin des années 70, en introduisant l’effet de sol. La face du plateau s’en est trouvée radicalement changée, au point que la technologie fut bannie, tant les performances avaient explosé. Cependant, sans notre bonne vieille Renault 4 nationale, cela aurait pu ne jamais arriver.

Lotus, de la domination à la déchéance

Lotus avait dominé au début de la décennie avec la 72, remportant trois titres constructeur en 1970, 1972 et 1973, offrant la couronne a Jochen Rindt en 1970 et à Emmerson Fittipaldi en 1972. Malheureusement, la concurrence avait fait fumer les planches à dessin, et la 72 commençait à accuser le poids des ans.

La Lotus 72 d’Emerson Fittipaldi, ici à Goodwood lors du Festival of Speed 2019

Et là… c’est le drame. La Lotus 76, qui devait remplacer la 72 pour la saison 1974 (vous me suivez ?), est un désastre sur roues. Elle ne finira qu’une seule course, aux mains de Ronnie Peterson, en 6 engagements. L’écurie se voit contrainte de ressortir la 72 du garage pour boucler la saison, et se dépêche de dessiner une voiture plus moderne.

La Lotus 76, reconnaissable notamment à son aileron arrière biplan

Lotus dévoile donc la 77, en 1976, pour rectifier le tir. Elle apportait de nouvelles épures de suspension, complètement réglables, permettant de s’ajuster à chaque circuit. Cependant, sans expérience sur le sujet, les réglages s’avèrent complexes. De plus, la voitures n’est ni rapide, ni fiable. Celle que le plateau appelait l’Adjustacar finit par être traitée de « chien » bon à suivre le peloton par son pilote, Mario Andretti.

La Lotus 77, ici à Sears Point en 2009

La Lotus 78, un développement complexe

Face à la nouvelle catastrophe annoncée, Colin Chapman pousse une gueulante so british. Il publie un mémo de 27 pages de réflexion sur l’aérodynamique d’une Formule 1. Le contenu s’inspire notamment du DeHavilland Mosquito, un avion dont les radiateurs étaient installés dans les ailes afin d’augmenter la portance.

Le DeHavilland Mosquito, avec ses radiateurs dans les ailes (entre le moteur et le cockpit) pour optimiser la portance

Chapman confie le développement de la nouvelle voiture, qui devra intégrer des pontons en forme d’aile inversée à Tony Rudd. Ce dernier forme une équipe dédiée à la conception de la nouvelle voiture. Parmi eux, l’aérodynamicien Peter Wright, avec qui il avait travaillé chez BRM et étudié ce genre de profil.

Au global, ce seront pas loin de 1400 heures d’études qui seront consacrées à la nouvelle monoplace. Rudd et Wrright prennent leurs quartiers à l’Imperial College de Londres. La voiture se montre effectivement bien plus profilée, la traînée étant bien inférieure aux voitures précédentes. Cependant, le flux d’air n’est pas stable autour des pontons, et provoque des soucis de stabilité à haute vitesse.

L’étude se faisant sur des maquettes, l’équipe essaie différentes solutions simples afin de régler le problème. De simples bandes de carton créent un pur miracle. Plus la voiture roule vite, plus elle génère de l’appui au sol. Mieux encore, si elle change de direction, elle ne décroche plus. Ca y est, ils ont trouvé la clé de l’effet de sol (que nous avons évoqué dans notre article sur l’effet Venturi) ! Le plateau va devoir en découdre avec une arme redoutable, à laquelle personne n’est prêt. C’est là que la Renault 4 entre en scène.

La Renault 4, d’utilitaire à laboratoire roulant

La théorie c’est bien, la mettre en pratique, c’est quand même mieux. Il faut maintenant concevoir les jupes latérales, et l’affaire n’est pas si simple qu’il n’y parait. Le carton, bien évidemment n’est pas une solution. Tout y passe, brosses, volets en plastique, volets en alu…

Cependant, il faut bien tester toutes ces solutions. La Lotus 78 n’est pas encore prête, et vu les finances serrées de l’écurie, des longues séances sur piste sont difficilement envisageables. Le système D leur donne la solution. Il suffit de prendre une des Renault 4 Fourgonnette utilisées pour les livraisons, de lui installer un système permettant de tester les pièces, et… de rouler.

La Renault 4 équipée d’un support de test, reconstituée par Top Gear

Après des centaines de kilomètres, la solution retenue est un volet mobile en aluminium, avec un sabot en céramique en contact avec le sol. Malgré l’insistance des pilotes, Colin Chapman pose son veto pour une utilisation à la fin de l’année 1976. La voiture courra la saison suivante, afin de ne laisser aucune chance à la concurrence de se rattraper lors de l’intersaison.

Malgré une fiabilité aléatoire, Lotus finit deuxième du championnat 1977, avant de prendre la couronne en 1978, la 78 cédant la place à la 79 au milieu de la saison. Cette même année, Lotus placera ses pilotes au deux premières places du championnat des pilotes, parmi eux le regretté Ronnie Peterson qui perdra la vie suite à un accident au Grand Prix des Pays-Bas.

Crédits photo : Renault, Motorsport.com, Wikimedia Commons, BBC

Pierre

Tombé dans la marmite automobile dès le plus jeune âge, cela fait maintenant quelques années que j'essaie de partager mes expériences et connaissances sur internet. Les Flous du Volant me permettent d'aborder des sujets un peu plus transversaux que les sujets que je couvre auprès de certains confrères.

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