Need For Speed le film, dérapage incontrôlé
Le film Need For Speed ne m’avait pas vraiment laissé grande impression lors de sa sortie. J’avais été le voir au cinéma (ne me jugez pas, je suis sûr que je n’ai pas été le seul), et j’étais ressorti de la salle en ayant eu l’impression d’avoir perdu deux heures de ma vie. Cependant un article d’un confrère le recommendait comme film à voir pendant ces périodes de confinement, en tant que « série B convaincante ». J’ai donc voulu lui donner une seconde chance, alors que je tombais par hasard dessus sur Netflix. Installez-vous confortablement, préparez le popcorn, on ne va pas tirer sur l’ambulance, on va la bombarder façon Tempête du Désert. Rien de tel pour se remettre en selle, après tout ce temps d’inactivité.
Need For Speed, le jeu vidéo
Parler du film nécessite de se pencher sur Need For Speed, le jeu vidéo. C’est une des plus anciennes licences de jeu vidéo automobile encore en activité de nos jours, du haut de ses 26 ans. Créé par Electronic Arts, NFS fait partie des titres phares de leur catalogue, au même niveau qu’un NBA2K ou un FIFA, chaque sortie assure de belles rentrées, peu importe la qualité du titre. Mais, petite anecdote pour briller en soirée, Need Ford Speed est en soi une licence. En effet, après avoir signé quelques années plus tot un partenariat avec Car & Driver, qui donnera le jeu éponyme, electronic Arts s’était cette fois associé à Road & Track pour produire le jeu.
Et des titres à qualité variable, il y en a eu. Avec 24 titres au compteur (sans compter les portages et les remasterisations), il y a pléthore de jeux et, on ne va pas le nier, des pitches plus ou moins aboutis. Le plus récurrent est que vous êtes un street racer, amateur de courses sur route ouverte (enfin en théorie, dans la pratique, il faudra attendre presque dix ans, avec la sortie de Need For Speed Underground pour arriver dans un embryon de monde ouvert). L’idée est plus ou moins étoffée selon les jeux, faisant de vous un fugitif, un policier, un type en quête de vengeance… tout l’éventail du cinéma de série B est à votre disposition, mis à part les épisodes Shift, dédiés à la pure course sur circuit.
Après, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, ce sont d’excellents jeux d’arcade, et même si j’ai commencé à décrocher avec NFS Underground (le tuning et moi, ça fait deux), il n’y a qu’à Need For Speed World (un MMO à abonnement, sur les bagnoles, en 2010, ils avaient fumé quoi?) que je n’ai pas joué (oui, j’ai même tenté l’aventure sur console portable, fou que je suis). Cependant, ne les attendez pas pour leur scénario, ce n’est pas le sujet. Tout est orienté vers les épreuves de conduite, sauf pour Need For Speed The Run, qui tente presque de nous filer un film interactif entrecoupé de courses, mais la mayonnaise ne prend pas vraiment.
Les jeux vidéo et le cinéma, une triste histoire…
Je vais vous avouer un secret, j’ai une fascination pour les adaptations de jeu vidéo au cinéma et ce, depuis Super Mario Bros, le premier d’entre eux en 1993. Cela tient plus de la fascination morbide que de la cinéphilie pure et dure, car il faut le reconnaitre, c’est un cocktail qui ne marche pas, même avec la meilleure volonté du monde.
Entendons-nous bien, il y a quand même quelques bons (voire, de très bons, coucou Silent Hill) divertissements. Cependant, il y a toujours un truc qui pêche, même pour les meilleurs d’entre eux. Soit l’adaptation est fidèle, mais du coup, vous avez droit à un film sans surprises, soit, comme dans la majorité des cas, la réalisation est détestable, soit le scénario tient sur une feuille de papier à cigarette, sur la tranche !
Il y a à boire et à manger dans ce cinéma si particulier. Je ne m’étendrai pas sur les adaptations de jeu de combat. De Street Fighter à Tekken, en passant par les deux Mortal Kombat ou King of Fighters, à part les jolies pépées (et encore), il n’y a rien à sauver. Malheureusement, les adaptations de jeu vidéo impliquent pléthore de films signés Uwe Boll, « maître » dans l’exercice. On lui doit Alone in the Dark, House of The Dead, la TRILOGIE (mais qui a pu lui dire oui trois p***** de fois?) BloodRayne, Far Cry ou encore Postal… On touche le fond de la fosse à purin, donc. Cela devrait me rendre relativement tolérant pour des oeuvres un peu plus convenables. Et je ne vais pas nier que je passe un bon moment devant Alien vs Predator ou Silent Hill (qui aurait pu être un chef d’oeuvre sans les scènes avec Sean Bean qui se paye en plus le luxe de ne pas mourir, tout fout le camp).
Du coup, ce film Need For Speed ?
Comme évoqué en introduction, j’avais été le voir au cinéma à sa sortie, en 3D. Je n’en attendais rien, et j’ai pourtant réussi à être déçu. Au bout de même pas dix minutes, j’ai commencé à avoir la nausée avec tous ces plans rotatifs, la 3D était donc mal gérée (en même temps, on en était encore au début, et n’est pas James Cameron qui veut). Le reste était tellement peu mémorable que je ne me souvenais absolument de rien quand je l’ai revisionné. Avec un peu de chance, le passage à la 2D l’aurait rendu plus agréable (n’oublions pas que ce film devait être « convaincant »). Malheureusement, il n’en est rien. Les plans ont été prévus en 3D et ca se voit tout le temps, ou presque, car les gens ou les objets sont placés bizarrement dans le cadre, sans jamais se trouver dans l’axe (oui, quand on s’emmerde, on a le temps de noter ce genre de détails).
Je vous vois venir, vous allez me dire que je suis plus royaliste que le roi (ce qui est peut-être possible, depuis mon installation au Royaume-Uni, j’adore le décorum de la Couronne), si on regarde Need For Speed, c’est pour le spectacle des courses de voiture, et vous avez tout à fait raison. En 3D, à défaut d’être bluffantes, elles faisaient vaguement le job ; en 2D, c’est d’un manque de dynamisme ironique pour un film dont le titre est littéralement « Besoin de vitesse » qui les caractérise, sauf pour les impacts, effectivement, là, le montage est haché pour souligner la violence des chocs et c’est bienvenu. Cependant, côté immersion… la vue « subjective » (désaxée pour des raisons pratiques évidentes) a l’effet strictement inverse à celui espéré. Préparez votre tenue de chantier, il vous faudra évacuer les décombres du quatrième mur à plusieurs reprises.
De même, les acteurs sont en roue libre, un comble ! Aaron Paul, qui tient le role principal, est loin de ses performances dans Breaking Bad. Dominic Cooper, notre antagoniste du jour, avait fait un relativement convaincant Howard Stark lors de la première apparition de Captain America dans le Marvel Cinematic Universe, mais là, on est face à un jeu d’acteur de club de cinéma de lycée. De son côté Rami Mal… attendez une seconde, Rami Malek ? L’acteur qui a obtenu un Oscar pour son jeu dans Bohemian Rhapsody ? J’ai la berlue… Ah non, c’est bien lui pourtant. Eh bien, j’en déduis qu’il faut bien de quoi manger quand on commence sa carrière. Michael Keaton est… comment dire, sous amphétamines, et franchement, loin de ses plus belles prestations. Et enfin, cerise sur le gateau, Dakota Johnson, dans le role du personnage féminin déchiré entre les deux personnages principaux. Sa performance était plus crédible dans 50 Nuances (enfin dans les bandes-annonces, ne me demandez pas de voir les films non plus !).
Bon allez, c’est vrai, les acteurs on s’en fout un peu pour un NFS, ce qui compte, ce sont les voitures. Eh bien hormis la Mustang Super Snake créée spécifiquement pour le film, les supercars présentes sont des répliques plutôt approximatives, malgré des plans fournis par les constructeurs. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi dans la scène des trois Agera dans le garage, une seule est présentée de face ? Parce que seule celle-ci est vraie, prêtée pour ce plan statique, et les deux répliques n’étaient pas encore complétées.
Vous l’aurez compris, je ne vois toujours pas, 6 ans plus tard, ce qu’il peut y avoir de « convaincant » dans le film Need For Speed. Même en plaisir coupable, ça ne passe pas, là où Autoroute Racer prend un sérieux avantage, en ayant décidé de faire une parodie, alors que la licence de départ était pourtant bien moins prestigieuse.
Crédits images : Electronic Arts, Dreamworks, Hollywood Pictures, Capcom, Romar Entertainment