Renault porte plainte contre Borgward
L’histoire de l’automobile est aussi pavée d’affaires juridiques. On pourra se souvenir de Peugeot qui avait gagné sa procédure face à Porsche lors de la commercialization de la 901, devenant la 911. Aujourd’hui c’est Renault qui s’y colle, face à l’allemand Borgward.
Dans la plupart des cas, ce genre d’affaire me laisse de marbre. Pourtant, dans ce cas précis, voir Renault partie prenante dans cette affaire me laisse pour le moins… circonspect. Revenons un peu en arrière.
Borgward, renaissance allemande
Avant de revenir plus en profondeur sur Borgward dans un article dédié, parlons rapidement sur ce qui va nous intéresser aujourd’hui. Borgward est un constructeur allemand qui a existé de 1890 à 1963.
L’entreprise vendait notamment l’Isabella, fleuron du haut de gamme germanique dans les années 50. Malheureusement l’entreprise fermera lors d’une mise en faillite pour le moins controversée (on y reviendra).
Depuis 2008, le petit-fils du fondateur a relancé la marque, en Suisse avant de déménager le siège à Stuttgart. La société a été montée avec l’aide de capitaux chinois, et c’est dans l’empire du milieu que s’effectue la production.
Le fond de l’affaire
Rapporté par le Stuttgarter Zeitung (en allemand, bien entendu), voici de quoi il retourne. Renault porte plainte contre Borgward contre l’utilisation… d’un losange. D’après la marque française, il y a un risque pour le consommateur de confondre les deux logos.
Une première audition a eu lieu ce mardi auprès de la 33e chambre civile, spécialisée dans les affaires de marques déposées. Un verdict est attendu pour le 24 mars.
C’est un nouvel écueil pour Borgward. Comme beaucoup de marques ressuscitées, les affaires ne sont pas forcément florissantes. Cette affaire, et les possibles pénalités qui peuvent en découler, risquent de mettre à mal une entreprise déjà chancelante.
Une situation pour le moins ironique pour Renault
Sur le marché chinois, Renault est présent depuis déjà longtemps, même si l’activité a vraiment été lancée en 2016… en même temps que Borgward. Avec le succès pour le moins relatif des constructeurs français dans l’Empire du milieu, il est possible que Renault y voie un concurrent.
En Europe, soyons clairs, ce ne sont pas les quelques BX7 importés depuis 2018 qui vont faire de l’ombre à Billancourt.
Mais là, où la situation est pour le moins cocasse, c’est qu’il y a presque 50 ans, Renault s’est retrouvé dans la même situation… du côté des accusés. L’ami Vincent de News d’Anciennes a relaté l’histoire, du coup, je vais être bref. En 1971, Renault rénove son logo. Malheureusement, il ressemble très fortement au logo de Kent, une entreprise anglaise, sous-traitante pour l’automobile. Procès il y eut, et Renault a perdu.
D’autre part, comme toute les résurrections, Borgward pioche dans l’histoire de son prédécesseur, à commencer par le logo. Ce que Renault n’a pas manqué de faire avec Alpine. Et c’est là que le bât blesse. Le losange n’est apparu chez Renault qu’en 1925, là ou Borgward l’utilisait depuis 1919.
Cette affaire ressemble à un mauvais vaudeville. Renault est en perte de vitesse, notamment avec les problèmes de direction de ces derniers mois. Cette démarche tient plus de la défense à tout prix que du réel fond. On verra ce que la justice allemande aura décidé, à la fin du mois.
Crédits photos : Bosch Classic, News d’Anciennes
Dans le même esprit, comment se fait-il que VW puisse utiliser id pour un nom d’auto, id a dû être déposé par Citroën, tout comme ds?