Frigidaire, quand l’automobile s’invite chez vous
Les Flous du Volant sont-ils tellement à court d’idées qu’ils se lancent dans des histoires sans rapport avec l’automobile ? Absolument pas. A l’heure ou les quolibets fusent envers Dyson, qui a annoncé il y a quelques temps vouloir se lancer dans l’automobile électrique, il est de bon ton de revenir sur une entreprise dont le rayonnement industriel fur tel qu’il en est entré dans la langue française : Frigidaire.
Tout commence en 1916, Alfred Mellowes fonde la Guardian Frigerator Company, afin de vendre ses premiers réfrigérateurs électriques tout intégrés. Cependant, après deux ans de production, la compagnie n’a réussi à écouler que 40 exemplaires de son nouveau produit. C’est là que le président de General Motors, William C. Durant, entre en scène. Il rachète la Guardian Frigerator Company avec ses propres deniers, devant le potentiel double de ce nouveau produit. La Guardian Frigerator Company devient alors la marque que nous connaissons tous : Frigidaire.
A l’assaut des maisons
En effet, en appliquant les méthodes d’industrialisation automobile, le prix de revient des appareils baisse drastiquement, transformant cette succursale en poule aux œufs d’or. Imaginez, en 1926, la succursale de GM, pilotée par Delco-Light, dégage à elle seule 15 millions de dollars de bénéfices nets !
Le développement industriel de l’entreprise sera bien évidemment suspendu par la Seconde Guerre Mondiale. Toutefois, après la fin des hostilités, c’est le grand boom. De nouveaux produits sortent de manière quasi-permanente, comme des lave-linges, des lave-vaisselles, systèmes de climatisation domestique, etc… Il faudra attendre 1953 pour que les éléments frigorifiques deviennent assez compacts pour se glisser sous le capot d’une voiture.
L’affaire est encore florissante pendant quelques années. L’usine de Dayton atteint une superficie équivalente à 125 stades de foot dans le milieu des années 60. Et puis… arrivent les années 70.
La Frigidaire est vide
Le premier choc pétrolier est rude pour l’industrie en général, et l’automobile en particulier. General Motors prend l’eau de toute parts, entre hausse du prix du carburant, baisse drastique des marges, concurrence… De plus, les consommateurs américains sont maintenant équipés, et le passage à une consommation de renouvellement fait mal.
En 1975, Frigidaire est donc scindée en deux : d’un côté Frigidaire qui conserve les applications domestiques, de l’autre, Delco Air Conditioning, qui s’occupe des applications automobiles. A l’horizon 1978, le rêve est bien fini, Frigidaire encaisse des pertes de plus de 40 millions de dollars.
Ironie du sort, Frigidaire sera vendu en 1979 à White Consolidated Industries, qui s’était déjà offert Kelvinator, succursale d’AMC, et Philco, succursale de Ford, faisant ainsi main-basse sur tous les fabricants d’électroménager grand public dépendant des constructeurs automobiles.
La marque tombera dans le giron de White Consolidated, tandis que l’usine sera reconvertie, assurant la production de moteurs diesel et des SUV compacts de GM. Cette dernière fermera ses portes en 2008, lors de la mise en liquidation de General Motors.
N’oublions jamais que les constructeurs automobiles sont d’énormes consortiums industriels. Et même si dans le cas présent la diversification s’est faite dans l’autre sens, beaucoup d’entre eux comme Peugeot, Vauxhall, BMW et bien d’autres encore, se sont diversifiés vers l’automobile, comme Dyson voulait s’y aventurer plus récemment.
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